Les symptômes extérieurs du psoriasis sont difficiles à masquer, surtout quand ils touchent le visage ou les mains. En plus de leur perception de soi, souvent négative, de nombreuses personnes atteintes de psoriasis se sentent souvent exposées aux réactions stigmatisantes de leur entourage. La dépression, voire les idées suicidaires, sont deux fois plus fréquentes chez les personnes atteintes de psoriasis.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a interrogé des patients atteints de psoriasis du monde entier et a constaté dans son rapport que le psoriasis ne représente pas uniquement un grand stress physique, mais également émotionnel et social.
Le psoriasis, ce compagnon omniprésent
Selon le degré de gravité, le traitement du psoriasis peut s'avérer très intense pour les patients. La peau doit être traitée tous les jours avec des produits relipidants ou des pommades. À ceci viennent souvent s’ajouter une photothérapie ou un traitement médicamenteux. Avec des symptômes tels que démangeaisons, rougeurs et desquamation, accompagnées de douleurs, le psoriasis est omniprésent et peut être source de stress important. Les personnes touchées sont par ailleurs souvent confrontées à des réactions souvent négatives et de rejet au quotidien. Même si cette stigmatisation est souvent le fruit de l'ignorance concernant la maladie, elle peut venir augmenter le stress psychologique éventuellement présent.
Un stress psychologique aussi élevé que celui du cancer
Le Dr Julia-Tatjana Maul, médecin-assistant de la clinique dermatologique de l'Hôpital universitaire de Zurich, confirme cette affirmation: «La souffrance psychologique de nombreux patients atteints de psoriasis est très grande. La plupart d'entre eux souffre de la peur d'une aggravation de la maladie, de sentiments de honte et de gêne et ont le sentiment de ne pas être séduisants en raison de leur maladie. Par ailleurs, dans une étude de Krueger et al.*, plus de 50 % des 18-34 ans ont affirmé qu'ils souffraient de dépression et 10 % d'entre eux ont indiqué qu'ils avaient eu des idées suicidaires. Les patients atteints de psoriasis font face à un stress psychologique similaire à celui des patients atteints de cancer.»
Un cercle vicieux
Le stress psychologique peut être un facteur déclencheur du psoriasis, parmi d'autres, ou peut l'aggraver. D'autre part, on suppose l'existence d'un lien entre le processus inflammatoire du psoriasis et la dépression. C'est pourquoi, selon le Dr Maul, il est important «que les possibilités d'investigation existantes soient exploitées et que la souffrance psychologique personnelle des patients soit examinée et prise en compte lors du choix du traitement, en plus du niveau de sévérité du psoriasis ou d'une éventuelle arthrite psoriasique, mesurables objectivement.»
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2 à 3% de la population suisse est touchée par le psoriasis. Environ un quart de ces personnes souffre en outre d'arthrite psoriasique douloureuse. Ces affections s'accompagnent par ailleurs souvent d'autres maladies telles que les pathologies cardiovasculaires, l’obésité ou les troubles psychiques. Le psoriasis est une affection inflammatoire chronique de la peau qui peut aujourd'hui bien être traitée. Les traitements vont des produits relipidants à usage externe aux crèmes contenant de la vitamine D ou de la cortisone en passant par les médicaments systémiques conventionnels et les nouvelles biothérapies.
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*Krueger et al. Arch Dermatol 2001; 137: 280 - 284
Christa Inglin
Auteure