myHEALTH: Madame Fluri, il est possible que le rôle de Skin Cancer Nurse soit méconnu d'un grand nombre de personnes. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre travail?

Sandra Fluri: Je suis les patients du diagnostic de mélanome métastasé à leur décès. Cet accompagnement est constant. Des questions d'ordre pratique se posent, par exemple au sujet des indemnités journalières de maladie, quand le patient ne peut plus travailler. Il faut alors trouver le bon interlocuteur. En quelques mots: je mets les personnes en contact. Avec les services sociaux, le psycho-oncologue, ou un service d'oncologie ambulatoire. Une Skin Cancer Nurse est avant tout une interface.

myHEALTH: Recevez-vous uniquement des patients en soins ambulatoires?

Sandra Fluri: En réalité, cette offre est avant tout destinées aux patients ambulatoires. La clinique de jour en fait également partie. Si des effets secondaires du traitement se présentent, le patient peut être hospitalisé. Là aussi, je les aide.

myHEALTH: L'emploi de Skin Cancer Nurses est-il très répandu en Suisse?

Sandra Fluri: C'est un profil très récent, résultant d'un projet pilote financé par la recherche sur le cancer de la peau. Il est le résultat d'un souhait émis par les patients, et le Professeur Dr Dummer s'est activement impliqué, avec le groupe d'entraide pour les personnes atteintes de mélanome, pour créer ce poste. En Suisse alémanique, je suis la seule Skin Cancer Nurse, et il y en a une autre en Suisse romande.

myHEALTH: Comment pouvons nous nous représenter concrètement votre travail?

Sandra Fluri: Nous avons en Suisse de nombreuses personnes de culture et de religion différentes. Je pourrais ainsi vous donner l'exemple d'une patiente musulmane, dont le diagnostic était «mélanome malin métastasé». Elle était accompagnée par son mari. Les personnes de culture différente ont également une manière différente d'affronter ces situations. Ce couple se faisait des reproches. Ils se demandaient s'ils avaient vraiment fait les choses correctement. Le Professeur Dr Reinhard Dummer a réussi à les convaincre du contraire, et m'a ensuite envoyé le couple.

myHEALTH: Comment les avez-vous aidés?

Sandra Fluri: Je me suis demandé ce que je pouvais bien leur dire. Les patients sont déjà suffisamment accablés. On leur dit tant de choses, on leur assène d'un coup de nombreuses informations médicales sur les options de traitement et les examens: biopsies, scanner, etc. Je leur ai demandé s'ils étaient tous deux croyants. Ils m'ont répondu «oui». À partir de cette information, j'ai pu construire quelque chose. La patiente s'en remettait entièrement à Allah. C'était important pour elle à ce moment-là, et utile. Jusqu'à ce jour, elle n'a pas eu besoin de suivi psycho-oncologique car elle tire sa force de sa foi. Chez d'autres personnes, ça peut être la confiance en la nature. D'autres ne souhaitent pas du tout parler après le diagnostic, ils ont d'abord besoin de temps pour eux. Il y a différentes manières de faire face à la tristesse.

myHEALTH: D'où tirez-vous vos ondes positives?

Sandra Fluri: Ma formation contenait des aspects psychologiques essentiels. J'ai aussi travaillé de nombreuses années dans les bidonvilles de Calcutta, ce qui m'a rendu très forte.

myHEALTH: Merci beaucoup Madame Fluri!

Groupe d'entraide pour les personnes atteintes de mélanome: www.melanom-selbsthilfe.ch

Dr phil. Kai Kaufmann
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